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  • Photo du rédacteurDorianne

Evasion poétique au cœur de l'Islande avec la trilogie de Jón Kalman Stefánsson

Aujourd'hui je viens pour vous présenter mon dernier grand coup de cœur littéraire : la trilogie islandaise de J. Kalman Stefánsson, publiée aux éditions Gallimard et traduite par Eric Boury.

Trois livres qui ont su me transporter dans un univers aussi poétique que rude, au cœur de l'Islande. 

-Entre ciel et terre, 2010

-La tristesse des anges, 2011

-Le cœur de l'homme, 2013

Comment parler de ces trois bouquins ? Est-ce que les mots sont-ils capables d'exprimer toutes les émotions que cette lecture m'a procurée ? C'est d'ailleurs là le principal sujet abordé par Kalman  : les mots. Le pouvoir des mots.

C'est en suivant les pas du "gamin" que nous allons nous transporter jusqu'aux villages de pêcheurs dans l'Islande du XIXe.


Entre ciel et terre



Résumé de l'éditeur 

Parfois, à cause des mots, on meurt de froid. Comme Barður, pêcheur à la morue islandais, il y a un siècle. Trop occupé à retenir des vers du Paradis Perdu de Milton, il oublie sa vareuse en partant en mer. De retour sur la terre ferme, son meilleur ami entame un périlleux voyage pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, le livre funeste. Pour savoir aussi s'il veut continuer à vivre...


Mon avis 

Ce fut un coup de cœur immédiat. Un récit doux tels deux bras aimants qui vous enveloppent autant que coupant comme une lame aiguisée.

Le gamin est un personnage malmené par la vie et empreint d'une innocence touchante. Nous ne connaissons pas son nom et avons très peu d'informations sur son apparence physique. Son identité réside ailleurs, lui même ne saurait la définir. Je me suis suis senti très proche de se garçon qui m'a inspiré beaucoup de tendresse.


La tristesse des anges



Résumé 

[spoil la fin du 1er tome]

Chez Helga, le gamin est bien entouré, pas moins tourmenté, mais du moins a -t- il peut-être trouvé un chez-lui. Il s'apprêtait à commencer à étudier, mais c'était sans compter sur l'arrivée de Jens, le postier. Devant se faire remplaçant, il est prié de se rendre dans les fjords du Nord en plein milieu de l'hiver. C'est une mission dangereuse et c'est pourquoi le gamin va être chargé d'accompagner à travers le blizzard cet homme silencieux qu'il ne connait pas et à qui il faut presque arracher les mots


Mon avis 

Récit d'une beauté à couper le souffle. C'est un livre que j'ai trouvé magnifique mais aussi très pesant -je veux dire physiquement. On se retrouve embarqués dans une tempête de neige qui n'en finit pas. Nos sens sont brouillés et la mort n'est jamais loin. Oui l'auteur m'a totalement transporté et je me suis retrouvée là-bas, dans cet entre-deux monde que sont les fjords du nord.

Ce qui m'a particulièrement plu dans sont les réflexions qui, sans se faire moralisantes, questionnent l'essence. C'est par le biais de cette relation qui inévitablement se crée entre Jens et le gamin que l'auteur explore les liens entre les êtres. 

Il faut aussi mentionner la traduction absolument sublime d'Eric Boury. J'ai été bouleversé par une lecture aussi puissante. Concernant les personnages, je m'y suis tellement attachée que je peux le déclarer : je les aime. Je les aime dans leurs tourments. Je les aime dans leurs imperfections. Je les aime tout simplement.


Le  cœur de l'homme 



Résumé 

[spoil la fin du 2nd tome]

Contre toute attente Jens et le gamin ont survécu au blizzard hivernal. Ils se réveillent dans un lit confortable chez le médecin de Sléttueyri où ils reprennent quelques forces avant de reprendre la route pour rentrer chez eux. C'est alors que le gamin fait la connaissance d'une jeune fille, aux cheveux si roux "qu'on peut les voir à travers les montagnes". De retour chez Helga, le gamin va devoir commencer son éducation et reprendre sa vie d'avant. La vie reprend son cours, et désormais, le cœur du gamin bat un peu plus fort lorsque, bien souvent, ses pensées se dirigent vers une chevelure flamboyante.


Mon avis 

Ce tome-ci me paraissait tout d'abord beaucoup moins éprouvant que le précédent. Probablement parce que l'été arrive, l'épais tapis de neige fond peu à peu et les belles journées de juin redonnent vie au village. C'est particulièrement agréable à lire, d'autant plus que ce changement de saison accompagne parfaitement ce que je suis en train de vivre en Norvège du Nord.

Mais ce livre ne m'a pas moins bousculé que les deux premiers. Comme toujours avec Kalman, j'y ai éprouvé beaucoup de tendresse, parfois aussi de la colère

Dans ce troisième tome qui porte merveilleusement bien son nom, nous explorons le cœur de l'homme. Nous y apercevons ses grandes forces et ses plus pitoyables faiblesses, ainsi que cette chose précieuse qui y vibre : la vie. Trouver la lumière, voilà donc le but de toute chose. Car il faut faire en sorte de ne pas trahir la vie elle-même.

Encore une lecture qui ouvre beaucoup de réflexions.


En bref

A travers un parcours d'initiation poétique, Jón Kalman Stefánsson ne cesse de nous questionner sur la quête de soi, le pouvoir des mots, les relations entre les êtres, les autres, la mort, la vie, la poésie et tout ce qui peut faire vibrer le cœur d'un être humain. Une lecture puissante dont on ne ressort pas indemne.


Quelques citations...

"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des violons. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs [...]."

 (Entre ciel et terre) 

"La virilité est non seulement stupide, mais également dangereuse car elle n'a de considération que pour elle-même, tout ce qui lui importe, c'est de sauver la face, voilà ce qui vous importe ; donner l'impression que vous êtes forts, paraître, sauver la face est plus important à vos yeux que la vie elle-même ! [...] Cette satanée virilité étouffe tout ce qui est bon et doux, elle assassine l'existence elle-même, et je conchie sur cette fichue, cette satanée, cette maudite virilité !"

(La tristesse des anges)

"Que signifie se trahir soi-même, quelle est la pire des trahisons, le pire des crimes, si grand que le roi en personne ne saurait t'en absoudre ? Ne pas oser vivre, telle était la réponse du gamin."

(Le cœur de l'homme)

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